Créer, oui… mais pas à n’importe quel prix

Il y a quelques mois, j’avais déjà évoqué ce mal-être. Et soyons honnêtes, ce n’était pas la première fois et c’est ok. On a tous des hauts et des bas.
Comment cela se traduisait chez moi ?
Cette fatigue qui ne passe pas. Ces pleurs et ces rires incontrôlables.
Ce besoin de pause criant, mais que je n’arrivais pas à m’autoriser.
Quand le corps dit stop, mais qu’on continue quand même
J’étais fatiguée, mais je ne m’arrêtais pas.
Je dormais mal. Je cogitais trop. Mes émotions exacerbées.
Et plus j’étais fatiguée, plus je peinais à m’endormir.
Un cercle vicieux : fatigue mentale, surcharge émotionnelle, insomnies, rythme cardiaque accéléré et la sensation d’être toujours en train de courir… sans jamais arriver nulle part.
Ma tête n’était jamais en repos.
Le travail alimentaire prenait de la place, la création aussi… mais plus comme un souffle, comme une bouée. Une nécessité de m’y accrocher pour ne pas perdre pied.
Ou encore comme une injonction : il faut créer. Il faut rester visible.
Et je m’épuisais à vouloir tout faire, tout réussir, tout porter.
Mon corps a refusé. Trop. C’était trop.
La prise de conscience : apprendre à faire la différence
Cette prise de conscience, elle est venue grâce à mon bilan de compétences il y a un an de ça. Une expérience formidable que je recommande fortement. (Si vous êtes du 40 ou du 64 j’ai une adresse à vous recommander.)
Et grâce aux personnes que j’ai croisées sur ce chemin — des thérapeutes, des professionnelles à l’écoute, bienveillantes qui ont su m’aider à prendre le recul nécessaire.
Avec elles, j’ai compris que je ne faisais plus la différence entre ce que je ressentais… et ce que les autres projetaient sur moi. Leur vie, leur mal-être, leurs rêves, leurs désillusions.
Je me laissais envahir. Submerger.
Je ne savais plus dire non. L’avais-je su un jour, d’ailleurs ?
Je pensais que poser une limite, c’était décevoir. Alors j’allais travailler en étant angoissée. Portant des fardeaux qui n’étaient pas les miens.
L’image qu’on m’a donné pour m’expliquer ce que je ressentais est la suivante.
Tu as un pot à émotions. Il est à ta taille. Adapté à toi. Pour toi.
Mais en tant qu’hypersensible je laissais les émotions des autres se déverser dans mon pot. Elles le remplissaient tellement que mes propres émotions n’avaient plus leur place dans mon pot. Alors mes nerfs lâchaient me faisant pleurer, avoir des fous-rires tandis que d’ordinaire je les maîtrisais bien. Sauf que là mon pot ne pouvait plus les contenir. Alors, elles débordaient.
Pourtant j’ai essayé de dire que ça n’allait pas. De demander de l’aide car je n’arrivais plus à me lever le matin avec le plaisir de la journée à venir. D’expliquer que je n’y arrivais plus.
J’encaissais trop de choses. J’ai eu le sentiment de ne pas avoir le droit de ressentir cela. Que je devais rester forte malgré tout. On me culpabilisait. Et honnêtement c’est horrible de se sentir coupable de ne pas aller bien. Ça ne fait que rajouter une couche de mal-être au mal-être déjà présent.
Heureusement, je me suis entourée de ces personnes bienveillantes qui m’ont rappelé qu’on peut aimer… tout en disant stop.
Qu’on peut être engagée… sans s’épuiser. Qu’il n’y avait pas à culpabiliser de sentir mal. Au contraire, l’admettre est le premier pas vers la guérison.
Et surtout : que tirer sur la corde c’est se nuire et que se préserver, ce n’est pas fuir. C’est durer.
Faire le tri, dans sa vie comme dans son esprit
Alors j’ai fait du ménage. Pas à l’extérieur. À l’intérieur.
J’ai arrêté de me forcer.
À sortir avec des gens avec qui je ne me sentais plus bien.
À dire oui à des choses que je n’avais pas envie de faire.
À faire bonne figure alors que je n’en avais plus la force.
J’ai refusé de juste « paraître ».
Parce que ce que je voulais, c’était mieux être.
Et ce tri-là, il a libéré de l’espace. Du vrai.
(Comme quand tu fais le nettoyage du disque dur de ton pc. Que le rouge passe au vert. Quel soulagement !)
J’ai alors pu accepter d’être avec des personnes qui me correspondaient réellement. J’ai appris à choisir ce qui était bon pour moi sans culpabiliser du fait que ça ne correspondait pas à ce que les autres voulaient de moi.
J’ai également retenu que si on cherche à t’imposer quelque chose sans se soucier de ce que tu ressens alors cette personne ne t’apporte pas de la bienveillance. Préserve-toi.
Le constat était simple : si je n’allais pas bien comment pourrais-je aider qui que ce soit à l’être ?
Aujourd’hui : créer avec joie, et non par devoir
Aujourd’hui, je me sens alignée.
Je recommence à écrire avec plaisir. (Si vous me suivez sur Instagram vous savez que le « Mystérieux Projet » avance.)
Je prends même du plaisir à préparer mes publications sur les réseaux — si, si !
J’ai hâte d’être à mercredi, jour où je publie sur Instagram.
Pas pour « être visible ». Mais parce que j’ai envie de partager. Et ça c’est une très grande avancée pour moi. J’arrive à être fière de moi !
Et c’est ça, je crois, la clé :
Créer ne doit pas être une obligation.
Créer doit rester un élan.
Et pour ça, il faut apprendre à se protéger. À s’écouter. À s’arrêter quand il le faut.
Je continuerai à écrire quand l’inspiration me saisira — même si c’est à deux heures du matin.
Mais cette fois, je prendrai le temps de me reposer ensuite.
Je ne veux plus me forcer. J’ai toujours refusé de le faire pour l’écriture mais j’ai compris que je devais l’étendre au reste de ma vie.
C’est d’ailleurs pour ça que j’ai mis l’écriture en pause pendant plusieurs mois : parce que je ne voulais pas trahir ce lien si précieux avec mes histoires.
Et aujourd’hui, je pense avoir retrouvé un équilibre.
Créer, oui. Mais jamais au détriment de ce qui me fait tenir debout. Travailler, oui. Mais plus au détriment de qui je suis et de mes valeurs. Aider, oui. Mais sans m’arrêter de vivre pour autant.
Pourquoi cet article, maintenant ?
Parce que je sais que je ne suis pas la seule à avoir traversé ces moments de fatigue, de doute, de trop-plein. On m’a dit récemment que je suis une personne avec une résilience exceptionnelle. Que bien d’autres auraient plié avant de vivre tout ce que j’ai vécu.
Alors si tu lis ces lignes et que tu te reconnais dans ce que j’ai vécu, j’aimerais que tu saches que tu n’es pas seul.e.
Qu’il est possible d’aller mieux. De retrouver l’élan, le plaisir, l’envie. Pas en forçant, mais en se respectant. En posant ses limites.
Aujourd’hui, on est mercredi. Et ce simple fait — publier, partager, être au rendez-vous avec mes lecteurs — me rend profondément heureuse.
C’est un bonheur simple, mais qui m’avait manqué.
Et si je l’ai retrouvé, c’est parce que j’ai accepté de ralentir. Pour mieux revenir. Alors pense à toi. Reviens à l’essentiel pour mieux prendre ton envol.
