Créer un univers de fantasy :
entre intuition, structure… et un peu de chaos
(Ou comment façonner des mondes crédibles, vivants, et résolument habités)

✨ Démiurge un jour…
Je me souviens du jour où j’ai entendu ce mot pour la première fois : démiurge.
C’était au lycée, pendant un cours de français sur Le Parfum de Süskind.
Ma prof nous expliquait que ce personnage, obsédé par les odeurs, façonnait presque le monde à son image.
Et là, assise à ma table, j’ai eu un drôle de frisson :
Est-ce que c’est ça que je fais, moi aussi ?
Créer des mondes. Des peuples. Des langues. Des lois magiques.
Inventer des traditions, des objets anciens, des calendriers lunaires, parfois même des manières de saluer ou de cuisiner…
Et puis, écrire.
🔥 Le worldbuilding : ni une science exacte, ni une simple décoration
Quand on parle de worldbuilding, on imagine parfois une carte, des montagnes, des villes aux noms imprononçables.
Mais pour moi, c’est avant tout une manière de penser l’histoire de l’intérieur.
Ce n’est pas un décor : c’est une respiration, un écho, un point de vue.
C’est un fil conducteur qui m’aide à ne pas me perdre…
Et un guide pour ne rien oublier.
Parce qu’avec plus de 300 personnages et presque autant de créatures rien que dans Alecanthia, je te promets que les petits carnets volants ne suffisent plus 😅
🌱 Je ne commence pas par le monde, mais par une étincelle
Je ne me pose pas un matin en me disant : “Tiens, et si je créais un continent aujourd’hui ?”
Non.
Je pars toujours d’un élément très précis, presque intime.
Un peuple oublié, un objet tabou, un chant interdit, un personnage qui n’aurait jamais dû exister…
Et cette idée me chuchote :
“Allez, crée-moi.”
Alors je m’exécute.
🧭 Ce que mon univers veut dire
Très vite, je me demande :
Quel est le message de ce monde ?
Qu’est-ce qu’il reflète de nos espoirs, de nos peurs, de notre histoire ?
Un univers n’est pas neutre. Il est traversé par des tensions, des conflits, des choix.
Et ces choix, je les plante dans le sol dès les premières lignes.
🪵 Les piliers fondamentaux
Voici ce que je pose d’abord :
- La géographie : continents, climats, failles, axes d’échanges…
- Les peuples : cultures, organisations sociales, langages, apparences…
- Les systèmes de pouvoir : politiques, religieux, magiques ou autres.
- Le passé : est-il connu ? est-il manipulé ? est-il oublié ?
- La magie (ou technologie) : comment elle fonctionne, qui y a accès.
- Les croyances, les tabous, les valeurs : ce qu’on célèbre ou ce qu’on cache.
Tu pourrais t’arrêter là et déjà écrire un roman.
Mais je vais plus loin… parce que j’adore ça. Et parce que chaque détail est une graine.
🫂 Les gens avant les lieux
Avant de tracer la carte, je veux savoir qui y vit.
Comment ils mangent, comment ils aiment, comment ils jurent.
Le langage du quotidien, les métiers, les dilemmes.
Je veux savoir ce qu’ils croient juste. Et ce qu’ils cachent.
C’est le vivant qui donne sens au décor.
Tu peux avoir un volcan rose… mais ce qui importe, c’est :
Qui l’évite, et pourquoi ?
🗺️ Les décors, une fois que tout prend forme
Une fois le cœur battant posé, je développe l’environnement :
- Climat et végétation
- Minéraux et ressources
- Faune et créatures
- Distances, cohérences spatiales, difficultés de voyage…
Même l’arbre qui brille doit avoir une fonction.
Un rôle dans la chaîne du monde.
La beauté, c’est bien. La vraisemblance, c’est mieux.
🌫️ Garder des zones floues
Je ne fige pas tout.
Je laisse volontairement des vides. Des lieux sans nom. Des secrets non élucidés.
Des dieux qui ont disparu sans explication.
Des légendes qu’on n’ose pas vérifier.
Ces blancs dans la carte… ce sont des réserves de magie.
J’y retourne quand j’en ai besoin. Et parfois, ces zones créent leurs propres histoires.
📂 Mes fiches de worldbuilding (sans spoiler)
Je fais des fiches, oui. Beaucoup.
Mais elles ne servent pas juste à “organiser”. Elles m’aident à rêver.
🔹 Pour les personnages :
→ Pas seulement un nom, un âge et un passé.
→ Mais des gestes, des contradictions, des blessures secrètes, des usages culturels (comment on jure, comment on boit le thé, ce qu’on considère comme poli…)
🔹 Pour les créatures :
→ Leurs comportements, leur habitat, leur lien au monde.
→ Comment les autres espèces les perçoivent, les craignent ou les vénèrent.
🔹 Pour la végétation et les minéraux :
→ À quoi servent ces éléments ? Que symbolisent-ils ?
→ Sont-ils rares, sacrés, utilisés comme monnaie ou médecine ?
🔹 Pour les lieux :
→ Quelle est leur histoire ? Qu’est-ce qu’on y célèbre ?
→ Pourquoi certains y meurent et d’autres y naissent ?
🔹 Pour les peuples :
→ Origines, mythes fondateurs, conflits internes.
→ Langue, danse, vêtement, tabous, humour local…
🌀 En résumé
Je ne suis ni architecte ni jardinière.
Je suis une conteuse au milieu de ses cartes, de ses encyclopédies, de ses symboles…
Et dans ce chaos organisé, chaque élément vibre d’un même souffle :
Raconter une histoire vraie. Même si elle est inventée.
💬 Pour finir…
Ce que je t’ai partagé ici, ce sont quelques piliers de ma méthode.
Des exemples parmi d’autres, pour t’ouvrir les coulisses sans trop en dévoiler.
Évidemment, dans mes propres projets, chaque point est décliné, approfondi, adapté.
J’ai parfois des dizaines de pages sur un seul type de créature, ou des détails précis sur les propriétés magiques d’une pierre oubliée…
Mais le but ici, ce n’est pas de te noyer dans mes archives.
C’est de te montrer que le worldbuilding, ce n’est pas une check-list à cocher :
C’est une respiration. Un jeu sérieux. Une promesse faite à ton lecteur :
“Je vais te faire croire à l’impossible.”
🎥 Tu préfères écouter tout ça de vive voix ?
J’ai développé les grandes étapes de mon worldbuilding dans cette vidéo, à retrouver ici :
(Et promis, je ne dis “démiurge” que deux fois. Enfin, je crois…)
Merci d’avoir plongé avec moi dans cette exploration.
Et si tu as ta propre manière de créer tes mondes… je serais ravie d’en parler ✨🌿
S.Owl
